Une maison pour la nuit [ FINI ]

Après avoir marché un temps, Kana s'arrêta dans une petite maison qui nous contait son histoire rien que pas sa façade. Elle avait dû appartenir à une vieille dame, le style était bourgeois, un peu coquet et surtout très occidentale. Une parcelle d'un grillage en bois tenait encore contre les murs et du beau lierre s'y était installé, peut être même, avait-il été là depuis le début. La peinture qui restait était d'un jaune pâle, le toile en tuile ocre était à moitié détruit. Sur le chemin de pierre où de la mauvaise herbe s'était insinué, trainaient brisés, des pots de fleurs vides. Le portillon s'ouvrit bien difficilement, la porte d'entrée lui posa le même problème. Kana avait décidé de s'éloigner de plus de dix maisons de la maisonnette dont elle avait perçu une présence et surtout une faible lueur de lumière.

* Nous ne sommes jamais trop prudent. *

La messagère pénétra dans sa demeure de fortune, l'intérieur était en meilleur état qu'elle ne l'aurait imaginé. Le salon était garni de meubles renversés, canapé, table basse, lampe... le papier peint était presque totalement moisi. On parvenait avec un peu d'attention à distinguer les anciens motifs de fleur qui s'y trouvait. Le salon donnait également sur la salle à manger. Une grande table tenait encore debout avec trois chaises, la maison avait déjà dû servir d'abris à d'autre gens. Kana n'alla pas vérifié la cuisine, elle n'avait pas besoin de manger et quelque chose lui disait qu'elle ne ferait mieux pas d'y aller. Oh pas une présence hostile, je vous rassure, juste une odeur infecte.

Le rez de chaussée comportait encore une chambre d'ami miraculeusement épargnée et une salle de bain un peu moins miraculeusement épargnée. La demoiselle s'assit sur le lit, posa son képis à côté d'elle et replia l'un de ses genoux contre sa poitrine. Ses doigts restaient immobiles sur les doigts et ses yeux se contentaient de fixé la fenêtre devant elle. Une mission, encore une ici, une mission qu'elle ne pourrait accomplir que le jour venu... attendre, il ne lui restait plus que cela à faire.

Au loin dans les rues, des bruits se faisaient entendre, des cris. Une bataille peut être ? pas vraiment, juste les monstres qui réveillés à cause de présence étrangères s'en prenaient au nécromancien qui traversait les rues. Kastchei se retrouvait contraint pour ne pas réveiller tout les monstres de la ville abandonnée de jouer dans la discrétion, tranchant de sa faux les gorges pour éviter que les monstres ne hurlent trop. Invoquer des zombies aurait été trop facile à repérer par la suite. Quoi qu'il en soit jusque maintenant il suivait le chemin qu'avait empruntée la messagère de la mort précédemment pourquoi ? Parce que c'était le même chemin qui le mênerait aux armes maudites. En passant Kastchei regarda une maisonnete où brillait une faible lueur, pourtant il savait que la messagère se trouvait plus loin à quelques maisons d'ici...Quelque chose de dangereux vivait il ici ? En partie oui...C'était là que se trouvait l'arme maudite, Kastchei le sentait.

" Hum...Si j'entre la messagère risque de le prendre mal non ? Et se faire passer pour le facteur serait de mauvais gout...Surtout devant une messagère de la mort...Et en plus la carte qui mène à l'arme maudite se trouve dans cette maison...Ah la la... "

Kastchei se décida quand même à entrer dans la maison. Il ouvrit la porte légèrement et avança, la messagère devait surement être dans une des chambres à coucher...Tant mieux, Kastchei ne voulait pas la déranger, elle devait sûrement être au courant de sa présence, Kastchei ne savait pas dissimuler son aura...Surtout face à une personne aussi puissante qu'une messagère de la mort. Kastchei s'avança dans le salon aux meubles renversés, et commencea à fouiller les commodes à la recherche de son indice.

* Pas ici...Ni là...Ni là....*

Quelqu'un venait d'entrer dans la maison, sans mal, Kana pu ressentir cette même aura qu'à l'hôpital. C'était Kastchei, l'humain nécromancien. Sans aucun doute, il savait qu'elle était là également, sa présence était facilement décelable par son aura doré qui pulsait avec douceur à travers la ville. Mais pas seulement par cela, il y avait également ce parfum qui accompagnait souvent les messagers, surtout les plus anciens. Ils sentaient la terre dans laquelle on enterre les morts, Le dipladénia que l'on plante à côté des tombes et la pluie qui lave la pierre. Une odeur forte diluée sur leur peau, une odeur de mort, si délicieuse et si dérangeante. Les humains ne la sentent pas, à leur grand bonheur. Cependant les autres races peuvent la percevoir, et c'est en partie pour cela qu'ils ne les approchaient pas. En sortant lentement de la chambre, laissant sa veste et son couvre-chef dans la chambre d'ami, elle vint s'adosser contre le mur du couloir qui donnait sur le salon désordonné. Kana se demanda, si il pouvait la sentir, tout humain et nécromancien qu'il était.

La messagère écouta un long instant les papiers se retourner et retourner, les tiroirs s'ouvrir et se refermer, les meubles se déplacer, tout cela sous le joug de celui qui cherche et qui ne trouve pas. Elle ne savait pas ce qu'il cherchait, quand bien même elle aurait eu envie de l'aider, elle ne l'aurait pas pu également. Pourquoi ? cette quête, que ce jeune homme affectionnait tant, n'était pas son devoir à elle !

* Ce n'est pas... mon devoir... ma mission... la raison pour laquelle... j'existe encore. *

Et bien quoi, c'est tout ? Kana croisa les bras sur sa poitrine de jeune femme. Oui, c'est tout, cela a toujours été tout. Elle, dans son chemisier blanc presque transparent, sa cravate rouge douloureusement nouée autour du cou, sa mini jupe noir d'un tissus épais, ses hauts bas de nylon et ses lourdes bottes. Le froid lui caresse les jambes mais l'information ne lui parvient qu'à moitié au cerveau. Ce sera toujours ainsi, abandonne. Soudain elle s'empourpre dans son raisonnement, elle qui est toujours calme comme l'eau, ressent quelques vagues dans son esprit. Kana fit un pas en avant et la lumière de la lune l'éclair dans le salon, elle la reçoit de plein fouet. Elle baisse les yeux sur Kastchei et son regard et son visage exprime un léger trouble.

* Pourquoi ais-je avancé ? *

Kastchei était agenouillé devant une commode renversée, il regardait parmi les tas de papiers à la recherche de l'indice que l'ange noir lui avait laissé ainsi. Alors qu'il fouillait il réfléchissait, il ne savait toujours pas ce que voulait cet ange noir, pourquoi avait-il fait de Kastchei un monstre ? Pourquoi le mettait il toujours sur la piste ? Il voulait que Kastchei obtienne les armes maudites...Se servait il de lui ? Quel était son but ?
Kastchei remarqua que ses mains avaient cessé de fouiller alors qu'il réfléchissait ainsi il se remit au travail, puis ses mains tombèrent sur une photo, Kastchei la retourna, c'était une simple photo de famille dont les membres de cette famille avaient tous un air hautain, cette arrogance de la noblesse, cette fierté de faire parti de la classe haute, enfants comme parents, pourtant Kastchei ne put s'empêcher d'avoir la nausée, ses yeux rouges diminuèrent fortement d'intensité.

* Quel genre de monstre suis-je pour fouiller ainsi les maisons des morts ? *

Kastchei savait qu'il n'avait pas le choix. Et la famille de cette maison n'était pas en etat de protester. Finalement il ne trouva rien.

" Ce n'était pas dans la commode hein ?...pfff..."

Kastchei se releva et se retourna quand soudain il apperçut la messagère de la mort qui lui faisait face, la lumière du clair de lune éclairait son visage illuminé...Mais troublé. Kastchei n'était pas mauvais dans l'interprêtation il savait reconnaitre un visage troublé, tordu par la douleur ou encore aveuglé par la rage...Son visage à elle était étonné ? Peut être...Très légèrement en tout cas. Elle regardait le nécromancien, celui si regarda Kana lui aussi étonné de voir que finalement elle prêtait attention à ses agissements. Kastchei écarta les bras et dit:

" Toutes mes excuses...Est ce que je vous ai dérangé en entrant dans la maison ? Ce n'était pas mon intention...Si c'est le cas je vais repartir sur le champ... "

Kastchei sourit faiblement mais sincèrement, puis son regard se porta sur un cadre derrière elle qui lui se tenait droit contrairement aux cadres tordus ou cassés à côté...Il se promit d'y jeter un coup d'oeil.

Kastchei se releva et la regarda. Il avait remarqué son étonnement qui ne s'effaçait toujours pas de son visage, il lui dit qu'il s'en irait sur le champ si il l'a dérangeait mais Kana secoua doucement la tête négativement. Non, il ne la dérangeait pas, sa présence n'était qu'une goutte d'eau dans une verre vide. La demoiselle s'avança vers la commode et ouvrit avec douceur le tiroir dans lequel se trouvait la photo. Elle sortit la photo, et la contempla longuement. Sans s'en rendre compte, elle parlait, comme si toute les pensées de son esprit devait absolument se déverser de sa bouche.

" Ils étaient hautains, ils se méprisaient les uns les autres, ils étaient jaloux, mais ils étaient aussi humain. C'est pour cela, qu'à la fin de leur vie, ils ont fini par comprendre, et ce sentiment de culpabilité, est resté après leur mort, figé dans une photo de famille. "

Kana-chan lui tendit la photo, alors qu'il la regardait de nouveau, l'expression de leur visage changea et se transforma en un doux sourire. Un visage plein d'amour. La messagère s'inclina devant la photo avant de la reprendre.

" Nous sommes en retard, désolé. Vous allez enfin pouvoir être transmise à la génération suivante, vous ne sombrerez pas dans l'oubli. "

La messagère rangea la photo dans sa poche avec le plus grand des soins. Finalement, ce n'était pas Kastchei qui l'avait fait avancé, ce n'était que le sentiment qui faisait vivre la photo depuis tant d'année qui l'avait appelé. Parfois, les objets prennent vies, les photos sont des réceptacles comme les miroirs et les poupées. Dans la photographie s'était insinuée tout les regrets de cette famille et le souhait ardent de pouvoir enseigné au génération suivante, ce sentiment fut si fort, qu'il appela les Messagers de la Mort. Kana soupira en passant sa main dans ses cheveux.

* La vie est étrange. *

Puis reportant son regard sur Kastchei elle fit quelques pas en avant et remit la commode lourdement sur ses pieds.

" Tu ne me déranges pas. Fait ce que tu veux. "

Kastchei regarda étonné Kana secouer de la tête voulant dire qu'il ne la dérangeait pas, puis ramassant la photo qu'il avait trouvée toute à l'heure, Kana fit une analyse des plus interessante sur la famille, puis quand elle tendit la photo à Kastchei leur expression avait totalement changé. Kastchei regarda complètement étonné la messagère de la mort et lui fit un petit sourire, finalement ce n'était pas la présence de Kastchei qui avait attiré l'attention de la messagère de la mort mais bel et bien cette photo qu'il avait regardée avant. Puis elle parla à la photo leur garantissant quelque chose que Kastchei finalement ne comprenait pas très bien.
Enfin la messagère de la mort remit la commode sur pied et dit qu'il ne la dérangeait pas. Kastchei s'inclina légèrement et dit:

" Merci..."

Il alla voir ce tableau qui lui semblait étrange. Il le souleva et regarda derrière, il n'y avait rien...Etrange, pourtant il était sûr que quelque chose se trouvait là. Il secoua un peu le tableau et quelque chose tomba par terre. Kastchei remit le tableau en place et ramassa quelque chose dont il se souviendrait toujours.

C'était une lettre, accompagnée d'une carte postale qui représentait une petite ville en allemagne quelque part sans grand interêt. Cette lettre, Kastchei croyait qu'elle avait brûlée avec le reste de son village...Que faisait elle donc là ?

Grand frère,
J'espère que tu recevra bientot ma lettre, comme tu peux le voir, je suis bien arrivé en Allemagne avec maman, je comprends rien à ce qu'ils disent les gens mais ils ont l'air sympa.
Comment tu vas grand frère ? ça fait longtemps que je voulais t'écrire, et aujourd'hui spécialement, parce que tu t'en es souvenu, c'est mon anniversaire. Au fait merci pour les boucles d'oreilles.
J'espère que tout va bien à la maison avec papa, est ce qu'il te crie toujours dessu ? En tout cas maman elle dit que c'est parce qu'il travaille trop qu'il est comme ça, mais je le vois bien grand frère que maman elle aime plus papa.
Mais t'en fais pas, je pleures plus maintenant, je suis forte, et je me souviens toujours de notre promesse, celle que tu m'emmenerai loin d'ici, qu'ensemble on parcourrait le monde...
J'ai hâte de te retrouver grand frère, ces deux semaines vont être très très longue

a bientot Kastchei.

Shizuka.

Kastchei plaça sa main au niveau de son oeil droit pour essuyer le début d'une larme qu'il ne voulait pas laisser couler, il avait pleuré trop longtemps par le passé, le temps n'était plus aux larmes, cependant ses yeux tournèrent quand même au rouge vif qui représentait des moments d'émotion chez Kastchei.

* Je vois que ton humour est toujours aussi noir Nebilim...*

Kastchei savait que l'ange noir avait utilisé cette lettre comme indice, ainsi le nécromancien sortit de sa poche un briquet et alluma la flamme en la plaçant en dessous du papier, la chaleur révéla l'encre invisible puis traça en gros un plan de la place sur la ville abandonnée...Kastchei éteignit la flamme, il hésita un instant à brûler la lettre, enterrer définitivement le passé, tirer un trait dessus, mais la nature humaine prit le dessus, sa faiblesse du passé le força à plier la lettre et à la ranger dans la poche. Kastchei s'adossa contre le mur un moment repliant ses genoux les entourant de ses bras et reporta son regard sur la messagère des morts, c'était elle qui faisait passer du courrier des morts aux vivants, mais Kastchei n'avait jamais reçu de lettre de ses défunt proches.

* Qui voudrait m'écrire...C'est ma faute si ils sont morts...*

Kana observa Kastchei passivement, suivant ses mouvements sans curiosité mais avec assiduité. Il finit par s'adosser contre le mur, se laisser glisser le long de celui-ci et replia ses genoux contre son torse en les entourant de ses bras. Son regard se posa sur elle, un regard qui lui transperçait son âme.

* Quoi ? Qui y a-t-il ? pourquoi me regardes-tu comme ça ? *

Elle resta immobile, muette, sondant dans ses yeux rouges ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Qu'il la fixe ainsi ne la gênait pas trop mais, cela finissait par l'obséder. Elle l'aurait bien comparé à un chien affamé attendant avec détresse quelque chose des humains. Ici, c'était un humain qui attendait quelques choses d'une Messagère de la Mort, et la seule chose qu'elle pouvait lui donner, c'était une lettre. Kana croisa les bras et baissa la tête vers le sol.

" Non, je n'ai pas de lettre pour toi, et si tu as une question, pose la donc au lieu de me fixer ainsi. "

Tournant le dos au jeune homme, elle releva la tête et regarda un miroir fissuré contre le mur, elle y voyait son reflet, une image qui depuis les siècles où elle était morte, avant changé. Ses cheveux noirs avaient blanchi, son visage ne souriait plus comme avant, voir même, plus du tout ! Elle avait grandi de deux pouces, elle avait un peu maigri, elle avait gagné en grâce.... seuls ses yeux dorés étaient restés les même. Deux perles d'or qui avait perdu dans scintillement. Si le temps change les humains, le temps change également les messagers.

Presque nostalgique, la demoiselle plaça sa main sur son épaule et la naissance de ses doigts dans son dos effleurèrent quelques vieilles plaies. Kana n'avait jamais reçu de lettre de sa famille, elle aurait pu, mais elle n'en n'avait jamais reçu. C'est peut être pour cela, qu'elle comprenait légèrement le sentiment de Kastchei ! mais à la différence près, qu'elle n'avait jamais souhaité avoir leur lettre. A quoi bon, tout ceci faisait partie du passé. La messagère, resta le regard songeur.

Kastchei qui fixait toujours en direction de Kana s'était égaré dans ses pensées, il savait que personne ne voudrait lui écrire, et il devrait en assumer les conséquences mais l'espoir était un sentiment humain qui résidait encore un peu chez Kastchei. Puis Kana dit à Kastchei qu'elle n'avait rien pour lui.

* Woah ! Télépathie ¨!! *

Kastchei se gardait à présent de ses pensées, puis il dit à Kana sur un ton désolé.

" Je n'ai pas vraiment de questions à poser..."

La messagère s'était retournée et se regardait dans le mirroir, ses yeux dorés et ses cheuveux blanc brillants dans l'obscure salle où ils se trouvaient, finalement la couleur de cheuveux de Kastchei et de Kana se ressemblait c'était dans les yeux que tout changeait, les yeux de Kastchei étaient impregnés de malfaisance, de désir de vengeance, de haine, de magie obscure alors que ceux de la messagère de la mort reflétaient plutôt la grâce, le charme ou même plus fort, la beauté, il reflétaient également un sens de justice au gout de Kastchei.

Après avoir laissé vagabonder son esprit Kastchei se leva, et marcha vers la fenêtre, il y avait encore beaucoup de monstres dehors, Kastchei n'aurait pas trop de mal à se faufiller mais surtout pas à tous les tuers, en plus il n'était pas d'humeur à massacrer et son bras était blessé.

* Je ferais mieux d'attendre un moment...Laisser ma magie se reposer, et après je passe à l'assaut...*

Kastchei retourna s'asseoir contre le mur et regarda la messagère qui semblait réfléchir profondément face à son reflet dans le mirroir. Il voulait dire quelque chose mais il se tut car quoi qu'il sortirait ne vaudrait pas la peine d'être prononcé finalement. Ainsi il détourna son regard face à lui et adossé au mur s'enferma dans ses réflexions.

" Je trouve ça étrange, que nos quêtes respectives nous aie mené au même endroit, sur la centaine de maisons, il fallût que celle si soit un objectif pour nous deux...Je ne m'en plains pas, j'aime bien la companie..."

La remarque de Kastchei fit hausser des épaules Kana. Certes il y avait des dizaines de maison, mais voila, ils n'étaient pas dans un endroit ordinaire, et tout deux, semblaient posséder un karma immonde qui les rapprochait d'une manière ou d'une autre. Elle aurait pu croire aisément qu'il se plaignait si il n'avait pas précisé qu'il ne le faisait pas. Il s'était levé et s'était approché de la fenêtre, peut être qu'il devait partir ? il n'avait pas l'air pourtant d'aller s'amuser à semer la pagaille chez les monstres, qu'il sorte alors lui parut peu probable.

Après quelques minutes de réflexion, Kana laissa glisser la main sur son épaule le long de son corps et vint porter son autre avant bras jusqu'à son nez. Elle renifla deux petites fois, ce qui fut assez pour la persuadée qu'il fallait changer de tenue. Elle se dirigea vers la salle de bain qui était devenue pleine air, les canalisations d'eau marchaient encore et il restait une serviette plus ou moins propre dans un des placards bancales. Elle fit couler l'eau après avoir proprement nettoyer la baignoire poussiéreuse, elle se déshabilla, plia ses vêtements avec soin, puis, elle entra dans l'eau qui était plutôt fraiche ce qui ne la dérangea pas plus que cela. Elle se laissa glisser jusqu'au épaule en soupirant d'aise. Même une Messagère de la Mort se lave, et bien heureusement d'ailleurs. Il n'y avait pas de savon, mais ça ne gênerait pas. L'eau clair enlèverait au moins l'odeur désagréable des goules qu'ils avaient croisé plus tôt.

Kana se fichait de sa nudité, combien de fois avait-elle été déshabillé par le passé ? une, deux, dix, vingt... non ce n'était plus comptable. La pudicité l'avait quitté très jeune, on ne perd pas les très vieilles habitudes. Barbotant, elle commença à passer ses doigts dans ses cheveux blancs avec quelques peu de mal, la sueur les avait fait emmêlé et le peigne qu'elle avait au préalable repéré sur une étagère était trop loin. Un léger sentiment de frustration s'empara d'elle, l'eau avait tiédie, elle ne voulait plus quitter le bain.

* j'aurai dû la prendre plus tôt....*

Kana soupira longuement en s'immergeant jusqu'au menton.

[tu veux que je t'apporte le peigne ? XD!!! C'est bon je sors ><]

La messagère s'était juste contentée de hausser les épaules, Kastchei se dit qu'il avait raison, la remarque qu'il avait faite n'avait finalement servi qu'à perturber le beau silence, décidément il devait faire attention quand il l'ouvrait ! Un peu gêné il continua de regarder par la fenêtre. Puis la messagère s'était levée en silence et monta à l'étage en direction d'une autre chambre, Kastchei attendit en silence puis il entendit les canalisation d'eau s'ouvrir, elle prenait un bain ? Kastchei eut un petit rire.

" Si insouciante...Sous le même toit qu'un homme...Qui sait quel genre de pervers j'aurais pu être...Rien qu'à cette pensée n'importe quelle autre femme m'aurait menacé avant d'entrer dans la salle de bain..."

Kastchei remarqua que les monstres dehors commenceaient à s'agiter, pourtant c'était une nuit banale, que pouvait il bien se passer dans cette ville ? Kastchei venait de se rendre compte d'un truc ! Il se leva brusquement et alla devant la porte là où la messagère prenait un bain, il rougit un peu et frappa à la porte.

" Oi ! J'ai oublié de te dire, comme je ne fais que voyager je transporte toujours sur moi du savon et de quoi être propre..Si tu veux je peux t'envoyer un zombie avec du savon ? "

(lol, mon personnage est totalement impudique. tu pourrais même te baigner avec elle qu'elle te ferait une place ! tu pourrais aussi lui brosser les cheveux et lui faire un massage Rolling Eyes

XD )

Finalement, elle allait devoir sortir du bain. Kana se dirigea vers la porte, toute ruisselante, et la laissa coulisser pour s'ouvrir entièrement. La demoiselle n'avait pas saisi de serviette, elle s'en moquait. Elle glissa ses mains dans le manteau de Kastchei et d'instinct, trouva la poche où était le savon. Elle le prit en main et l'examina, il avait l'air plutôt bon, mieux qu'elle ne l'aurait imaginé de la part d'un nécromancien.

" Pas besoin de zombie, il l'aurait souillé. "

La salle de bain en pleine air laissait pleinement entrer la lune qui illuminait chaque parcelle du sol, et, chaque parcelle de son corps. La messagère s'empara du peigne sur l'étagère en se hissant sur la pointe, elle revint ensuite dans sa baignoire en prenant soin d'épousseter la plante de ses pieds pour ne pas trop salir l'eau translucide. La lumière rendait la baignoire encore plus blanche, et ce qui était valable pour cette porcelaine, était également valable pour la peau laiteuse de Kana, et ses cheveux d'argents. Elle plaça sa chevelure devant son épaule, dégageant son dos où désormais on pouvait voir des inscriptions en kanji japonais. Des cicatrices aux couleurs d'ivoires.

BLANCHE COMME LA PIERRE DE LA RIVIÈRE BELLE COMME LE SOUPIRE DU MATIN OBÉISSANTE COMME LA SERVANTE FRÊLE FRAGILE COMME L'OISEAU EN CAGE IMMOBILE COMME UNE POUPÉE DE PORCELAINE INDULGENTE COMME UNE MÈRE AIMANTE DÉTESTABLE COMME UN DÉMON ASSASSIN TRAITRESSE COMME UNE FEMME

Elle s'immergea de nouveau jusqu'au épaule et commença avec lenteur à se démêler les cheveux qu'elle savonna légèrement au préalable. Le parfum doux et fluet du savon lui chatouilla le nez, cela la fit éternuer discrètement, d'une manière très féminine.

" Merci, pour le savon. "

Sa voix était légère, elle murmurait presque.

Kastchei entendit des bruits d'éclaboussures d'abord puis des bruits de pas. Il rougit soudainement et pensa:

* Attends une minute elle ne va quand même pas...*

La porte s'ouvrit révélant la messagère de la mort complètement nue, Kastchei était on ne peut plus rouge, evidemment si une personne avait été témoin de la scène elle aurait immédiatement jugé Kastchei en tant que gros pervers etc...Kastchei esquissa un mouvement pour se retourner mais la main de la messagère de la mort s'inflitra dans la poche de son sweat-shirt pour en sortir le savon, Kastchei était plus rouge que jamais, il avait presque peur que cette lumière rouge intense n'atire tout les monstres ici.

" euh...je..."

Kana s'était retournée et alla se baigner à nouveau, Kastchei avantde se retourner observa son dos, il était ravagé par des cicatrices où était inscrit un poème très étrange ...Souffrance de sa vie humaine ? Victime d'obsession ? CE N'ETAIT PAS UNE RAISON POUR LA MATER GROS MALIN !!! Kastchei se retourna immédiatement, c'était à peine si le sang coulait de son nez. Puis il entendit un éternuement discret, son savon était si spécial ? (XD) Puis la messagère le remercia pour le savon. Kastchei toujours retourné lui dit:

" Euh...Je ...Ben...De rien...."

"mh ? "

Elle se retourna dans l'eau et observa le dos qui se dessinait dans le cadre de la porte. Kana le devinait troublé, fiévreux même de la vision qu'elle lui avait un instant offert. Elle soupira et murmura plus pour elle même que pour lui.

" Les humains sont-ils toujours aussi facile à perturber ? "

Elle pencha la tête sur le côté.

* En même temps...*

Kana laissa sa pensée en suspens dans son esprit, pas la peine de la finir, cela n'en valait pas la peine. Après quelques minutes d'un lourd silence, la demoiselle se releva une nouvelle fois pour sortir, cette fois-ci, pour ne pas trop affoler son colocataire, elle noua autour de son corps la serviette qu'elle avait trouvé. Ses cheveux humides brillaient légèrement et les gouttelettes qui tombaient venaient mourir dans son décolleter. La jeune femme passa à côté de Kastchei, sentant le parfum des Messagers mélangé au Lys blanc du savon. Elle déposa le dernier dans la paume du nécromancien en hochant de la tête, puis elle alla disparaitre dans la chambre d'en face. Comme elle s'en doutait, la chambre était en très mauvaise état, mais, le placard avait réussi à protéger quelques robes légères. Une seule n'avait pas encore été mangée par les mîtes, Kana la secoua avant de l'examiner. Elle était blanche, en soie, à bretelle fine, arborant un motif de petite fleur rose.

La messagère retira la serviette de sur son corps pour s'essuyer brièvement les cheveux et commencer à enfiler la petite robe qui était à priori à sa taille. Deux lacets dans son dos pendaient gracieusement, en pouvait toujours apercevoir derrière eux, les macabres cicatrices. Plus on s'approchait, plus on voyait les cicatrices anciennes.

Elle est si fragile que je ne pus m'empêcher de la briser, si belle que je n'ai pas pu m'empêcher de la violer, si gentille que je n'ai pas pu m'empêcher de la torturer. Oh c'est elle le diable, et c'est parce que j'aime un démon que je fais ces choses.

Kastchei entendit le soupir de la messagère de la mort et se contenta de dire avec un faible sourire.

" Désolé d'être un humain..."

Cette fois la messagère sortit avec une serviette autour du corps puis tendit le savon au jeune nécromancien qui le prit en rougissant légèrement. Puis elle partit pour se changer dans la chambre d'en face. Kastchei décida qu'il en profiterait pour se laver à son tour. Il alla dans la salle de bain, se déshabilla et entra à son tour dans l'eau. Il regarda un instant son corps, ses mains allèrent instinctivement fouiller son dos là ou se trouvait une longue plaie qui partait du bas du dos jusqu'entre les omoplates, la plaie avait été recousue très grossièrement par des fils noirs épais Kastchei avait essayé de faire guérir cette blessure mais c'était une blessure magique, impossible de s'en débarasser, il ne pouvait que la sceller grâce à ses talents de nécromanciens qui pouvaient recoudre la chair ensemble comme chez les zombies. Puis Kastchei se lava doucement tout en réfléchissant à chaque fois qu'il touchait sa cicatrice il avait des souvenirs du passé également

Lorsqu'il tenait une dague face à l'ange noir, un cercle formé de gens de son village àgenouillés et ligotés, couteau sous la gorge par leur assaillants des loups garous et vampires. En face de Kastchei se dressait l'ange noir Nebililm, Kastchei donnait un coup dans le vent et Nebilim contre-attaquait par un coup au torse, du sang coula du ventre de Kastchei.

"Trop lent ! "

L'ancien du village se fit immédiatement executer gorge tranchée, Kastchei poussa un cri et se recroqueveilla sur lui même pleurant toute les larmes de son corps.

" DEBOUT ET AFFRONTE MOI, SINON ILS PERISSENT TOUS EN MEME TEMPS ! "

Kastchei se lève et fonce mais il se prend un nouveau coup.

" Trop lent ! "

La petite soeur de Kastchei se fait égorger.

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Kastchei émergea de ses souvenirs et s'aspergea le visage d'eau. Il se leva et après une longue invocation fit apparaitre sa garde robe mobile, il y sortit une serviette et s'essuya, puis il regarda les vêtements à disposition, sortit un t-shirt noir, un jean bleu clair et un autre sweat shir gris.

" Mh, ça me va comme ça Karl ? "

Un frêle zombie en costard avec des lunettes de soleil et une cheuveulure en queue de cheval grise aquiseca, Kastchei mit ses vêtements.

" Parfait...Je me sens mieux mainteant"

Une fois habillée après avoir également enfilé une paire de bas neuf, et des sous vêtements bien sûre, elle revint dans le couloir et par la porte ouverte de la salle de bain, constata que Kastchei prenait à son tour son bain. Une bonne chose, lui aussi sentait fortement la goule. Le laissant faire trempette, la jeune femme redescendit à la chambre d'amis, la pièce dans l'état le plus potable. Son couvre chef et sa veste y était encore, pliés sur le lit. Elle les prit et les déposa sur une chaise, ajoutant également ses anciens vêtements parfumés au zombie. Kana soupira et alla s'assoir sur le lit, appuyant son dos contre le mur du fond. Elle passa ses délicats doigts dans sa frange qui gouttait encore un peu. Par habitude, elle replia un genou contre sa poitrine et y posa son avant bras, l'autre jambe, détendu et blanche, portait sur sa cuisse son autre main.

* Décidément... est-ce là, la position la plus confortable ? *

Kana se souvint de l'entrainement des geishas, elle se souvint quand il déposait du sable de part et autre de l'oreiller en bois surélevé et les matins où, n'ayant pas réussi à dormir immobile, elle se retrouvait les cheveux recouverts de blanc. La messagère, se souvint également de leur entrainement de danse, surtout ceux avec les éventails. Elles les faisaient tourner en l'air, les rattrapaient, les ouvraient et fermaient, les passaient d'une main à l'autre gracieusement. Leur danse était de toute beauté, une assemblée de geisha pouvait ravir un publique entier sans effort. Se souvenait-elle encore des mouvements à suivre ?

Kana se remit debout et alla dans le salon qui était assez vaste pour ne pas se cogner dans les meubles en bougeant. ( d'autant plus que ceux-ci étaient renversés à terre ) Comme éventails, elle ne trouva qu'un couteau d'argenterie, mais il ferait l'affaire. Elle ferma les yeux, et se laissa envahir des souvenirs de son "avant lui". Un pas en avant, le genou et le bras se plie en même temps, en descend vers le sol et on remonte avec douceur. Les mouvements sont calculés, on ne doit pas froissé son yukata, l'éventail s'ouvre, on le lance et on le rattrape sans qu'il se ferme, on le passe derrière soi, on tourne en rond, l'environnement devient comme de l'eau, nous sommes dans un lac paisible et les gestes sont des vagues. L'éventail se transforme en un petit poisson que l'on tente de rattraper, il est allé par ici, puis s'est échappé de mes doigts et est allé par là.

La demoiselle exécutait encore parfaitement, des pas appris des siècles avant. Kana s'arrêta enfin, la respiration calme mais troublé à la fois. Elle laissa le couteau tomber de ses mains, venir lui frôler son tibia de porcelaine et y dessiner une courbe pourpre suivit d'une perle vermeil.

" ...Je me dégoute. "

Kastchei avait finit de s'habiller puis il se regarda dans la glace, ses yeux rouges brillaient plus que jamais, ah ces yeux, il avait tellement envie de les arrachers de les trouers de toutes parts...Mais il en avait besoin le long de sa vie. Puis ses doigts allèrent se balader dans ses cheuveux, ils avaient bien poussés, ils partaient un peu dans tout les sens et cachaient ses yeux parfois. Kastchei sourit et les mit de cotés, puis quand il déscendit il vit la messagère de la mort faire tomber un couteau qui lui frôla la jambe, la messagère restait sur place et dit qu'elle se dégoutait. Kastchei en silence ramassa son sac...

" Vortex donne moi ce que je cherche...Warp, sac dimensionnel ! "

Une fois l'incantation finie Kastchei chercha parmi les affaires qu'il cachait dans ce sac et sortit du désinfectant ainsi qu'un pansement et du coton, sans prononcer le moindre mot il s'agenouilla devant la messagère et essuya le sang avec le coton, désinfecta la plaie (il se demandait si c'était utile vu qu'elle était messagère de la mort) puis plaça un sparadrap. Puis il se releva et rangea les affaires dans le vieux sac qui ressemblait à un sac de gym.

" Si tu te dégoutes comment peux-tu continuer ainsi ? Reprends toi en main et un peu de self estimme ! Regardes toi, tu es messagère de la mort, des milliers d'âmes sont heureuse et soulagées grâce à toi ! Et puis même moi tu as réussi à élcairer la sombre route que je suis dans le noir...Je ne vois pas ce qui peut te dégouter en toi mais j'espère de tout coeur que la raison n'est pas ces cicatrices que quelqu'un d'autre t'as fait....Tu n'es pas cette personne, cette personne avait tort..."

Kastchei entra dans la pièce et commença à soigner la plaie peu profonde. Elle le laissa faire, bras immobile et pendant le long de son corps, bien que cela était complètement inutile. Sa blessure était mineur, elle serait déjà partie quelques heures plus tard...cette gentillesse, Kana ne la comprenait pas. Après avoir fini la petite minute de médecine, il rangea les affaire dans son sac qui avait de vague allure de déjà vu et commença à parler. Le jeune homme lui faisait des reproches, il lui reprochait d'être malheureuse. Grâce à elle, des milliers d'âmes étaient soulagés d'avoir pu dire à leur proche ce qu'ils n'avaient pu dire de leur vivant. Il lui dit qu'elle avait même réussi à éclairer un peu le chemin obscur qu'il empruntait. Il ne semblait pas comprendre ce qui la dégoutait en elle, et ne connaissant pas son histoire, il ne pouvait surement pas deviner.

Pourtant c'était simple, Kana était juste dégoutée d'essayer de se rattacher ainsi à des souvenirs d'un passé si lointain qu'il devient flou. A quoi bon savoir danser, la valse, le tango, si jamais plus, elle n'aura l'occasion de danser ?

" Je sais, je ne suis pas lui, je ne le serai jamais. Il est mort, cette époque là est partie depuis longtemps. "

Elle baissa les yeux et regarda Kastchei qui était toujours au même endroit.

" Tu es bien mal placé pour me dire cela alors que toi même est hantée par un sentiment fort et les fantômes du passé. "

Kana avait vu la cicatrice dans le dos de Kastchei quand elle était sortie de la chambre, elle avait également vu la carte postale et aussi... elle avait perçu les émotions du jeune homme. Les messagers avec le temps finissent par être insensible à leur propre émotion, mais, étrangement, ils deviennent très réceptif à ceux des autres.

" Tu ne me connais pas, alors, cesse d'être aussi attentionné. Comme tu l'as dit..."

La demoiselle se retourna et lui fit dos.

"... je ne suis qu'une messagère de la mort. "

Kastchei entendit la messagère de la mort reprocher à Kastchei de parler de ce genre de choses alors que lui même était hanté par le passé. Lorsqu'elle lui dit qu'il était lui même hanté par les fantôme du passé les yeux de Kastchei brillèrent de plus belle, comment l'avait elle su ? Etait-ce si evident ?. Puis lui tournant le dos, la messagère de la mort lui dit de cesser d'être aussi attentionné. Après les paroles de la messagère de la mort Kastchei était figé...Et finalement il baissa la tête, la lueur rouge dans ses yeux avait complètement diminué et ses yeux ne brillaient presque plus.

" Tu n'es peut être qu'une messagère de la mort...Mais tu as un coeur...Et pas au sens propre...Tes yeux dorés le montrent..."

* Alors que les miens ne reflètent que ma sauvagerie et l'horreur que je suis...*

"Mais tu as raison, je ne te connais pas....Et ironiquement tu sais dejà presque tout de moi...."

Kastchei savait que sa présence déplaisait finalement la messagère, bien qu'il y eut encore beaucoup de monstres dehors, Kastchei ne voulait plus imposer sa présence. D'un coup sec du bras, Kastchei fit appraitre sa faux.

" Excuse moi encore de t'avoir dérangé...Je ferais peut être bien d'y retourner..."

Kana fronça les sourcils.

" Si tu veux partir et te faire tuer, va donc. "

Elle se tourna vers lui.

" Les Messagers sont toujours plus assidus que vous les humains. Il est bien dur de nous cacher quelque chose, alors ne te désolé pas si j'ai effectivement raison. "

Le " effectivement " disait clairement qu'elle n'était pas infaillible, après tout, aucune créature sur terre ne peut l'être. La perfection n'est nulle par, elle n'existe pas. Kana repensa à ce que disait Kastchei, un cœur ? en avait-elle encore un ? oui, peut être. Parfois, il se réveillait de son long sommeil au plus profond de sa poitrine, il lui faisait ressentir une douleur atroce qui lui faisait regretter qu'elle en ait encore un. Son cœur était meurtrie, elle n'aimait plus rien dans cette vie, elle faisait ces choses juste parce que c'était son devoir, que sinon sa vie, n'aurait plus de sens.

Qu'est-ce que ses yeux dorés disaient ? ces perles d'ors qui avaient survécu des siècles et des siècles et qui continuaient d'exister encore. Étaient-ils aussi riche que le métal dont ils avaient la couleur ? quand Kana se regardait dans un miroir, elle ne voyait rien. Mais il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut rien voir, elle niait ce qu'elle était devenue depuis tout ce temps. Elle "est", et c'était tout ce qui lui importait. Maintenant, le doute vint remplir son esprit, maintenant, elle voulait savoir.

Kana s'approcha de Kastchei et déposa ses deux mains brulantes sur ses joues. Son regard topaze son plongea dans le sien.

" Et qu'est-ce que mes yeux dorés, te disent ? "

Alors que Kastchei s'apprêtait à sortir la messagère (il ne savait toujours pas son nom) lui dit que ça ne servirait qu'à se faire tuer ce qui énervea d'autant plus Kastchei, ARH Il SAVAIENT TOUT CES MESSAGERS DE LA MORT...Finalement elle se tourna vers lui, et lui dit qu'il était difficile de leur cacher des choses, Kastchei se calma et inspira. Etait-ce de l'arrogance ou simplement du réalisme ? Kastchei ne le savait pas vraiment, mais finalement il ne savait pas quoi faire, elle lisait en lui comme dans un livre et lui n'avait vu que la couverture...Du livre qu'était la messagère de la mort. La messagère de la mort s'approcha de Kastchei et déposa ses mains sur ses joues, au début Kastchei se mit à rougir par réflexe, après tout leur visages étaient assez proche, mais quand elle lui demanda ce que ses yeux lui disaient, Kastchei redevint sérieux, il plongea ses yeux rouges hideux dans les magnifiques yeux dorés de Kana et commencea à analyser.

" Tes yeux me disent que tu as encore un coeur...Un grand coeur...Mais tes sentiments , tu veux les enterrer...Et ils finissent toujours par ressortir...A un moment où à un autre. Tes yeux disent que tu as su aimer, que tu as été habituée à être désirée...Mais que tu es généreuse et attentionnée...Tes yeux dorés reflètent une richesse hors du commun, une richesse d'esprit mais avant tout...Une beauté sans pareille..."

Kastchei continuait de regarder calmement Kana puis il lui dit:

" C'est à peu près ce que je vois..."

Kana eut un rare sourire.

" Ce que tu vois, n'est qu'un reflet de ce que j'étais avant. Les gens changent avec le temps, je ne suis plus aussi belle, aussi désirable, aussi attentionné et aussi gentille qu'avant. Et ces attributs d'humanités, je ne les retrouverai certainement jamais. "

Elle baissa les yeux vers le sol, les fermant, ses cheveux de soie suivant le mouvement vers le bas.

" Je suis bien trop vieille pour changer maintenant, je n'en n'ai plus la force. "

Kana releva doucement la tête et elle croisa le regard rubis du jeune homme une nouvelle fois. Décidément, cette couleur écarlate dans ses prunelles la fascinaient, même si ce n'était pas la première fois qu'elle en voyait. Cependant, elle avait le sentiment qu'ils n'étaient pas à lui, après un humain n'est pas censé en posséder. Les présents éphémère sont toujours les plus beau, c'est de cette manière là, qu'elle les trouvait désirable. Elle resta un moment à les regarder, voulant s'en souvenir plus tard, puis laissa ses doigts glisser jusqu'à son menton et tomber finalement.

" Quel...jolis yeux....grenat... "

La messagère recula de quelques pas et resta là, lui faire face, attendant ou plutôt s'attendant à le voir désormais partir. Elle ne pouvait pas le retenir, si il voulait se risquer à aller dehors, elle ne pouvait pas le retenir. Cela serait son choix, et en ça, Kana n'avait pas le droit d'interférer. Le seule domaine dans lequel elle pouvait protester était celui des lettres, quand les gens refusaient de les prendre, Kana devait resté jusqu'à ce qu'ils se décident. Ici elle devait le laisser faire, même si au fond, elle n'avait pas vraiment envie qu'il aille s'embêter à détaler devant une troupe de monstre.

Kastchei continua de regarder la messagère de la mort, fasciné par ses yeux Elle lui dit que ce qu'il voyait appartenait au passé, Kastchei lui répondit:

" Je sais mieux que quiquonque que le passé ne nous abandonne jamais, il nous suit telle un spectre, tel une ombre planant au dessus de nous...Je ne sais pas à quoi tu ressemblais par le passé...Mais tu es toujurs belle, plus belle que beaucoup, mais je ne parle pas seulement des apparences...Je parle de la profondeur de tes yeux, de ton esprit et de ton coeur..."

Puis Kana lui fit un commentaire sur ses yeux, Kastchei baissa légèrement la tête et lui dit:

" Tu es la première à le penser....Je n'aime pas mes yeux, ils reflètent ce que je n'aurais jamais du faire dans ma vie..."

Les bras de Kana se détachèrent de ses joues, Kastchei lui rattrapa la main, pourquoi avait il agi ainsi ? Il ne le savait pas lui même, il regarda Kana dans les yeux et lui dit:

" Est ce que je pourrais le connaitre ? Ton nom ? "

Il lui rattrapa les mains et elle sentit ses mains tièdes sur les siennes, si agréables, si grandes. Il lui demanda son nom, ce qui la surprit assez. Elle était persuadée que le jeune homme l'avait entendu quand Yoma lui parlait, Mais peut être, que non. Elle sourit une nouvelle fois et rassembla ses souvenirs pour se le remémorer, un nom qui s'était perdue dans l'infinité des années, un prénom délavé par le temps.

" Kana. "

Elle ouvrit de grand yeux à l'évocation de son propre nom.

" Je m'appelle Kana. "

Cela faisait si longtemps qu'on ne lui avait pas demandé comment elle s'appelait, elle avait du mal à le croire. La dernière fois fut quand l'Ange de la Mort fit d'elle ce qu'elle était, après, plus personne ne lui avait posé cette question. Ses collègues connaissaient déjà son prénom, et si elles ne le connaissaient pas, ne voulaient pas le connaître et s'obstinaient alors à l'appeler " Supérieur ". Les humains n'avaient jamais pensé à lui poser cette question, il était donc le premier depuis....

La messagère resta engourdie un moment, elle sentait toujours l'agréable tiédeur de ses doigts qui apaisait la brulure de sa propre peau. Son corps fiévreux de ne pas avoir été séché correctement à la sortie du bas tremblotait légèrement. Elle essaya de dégager ses doigts mais ils étaient toujours sous l'emprise du jeune.

" Rendriez-vous liberté à mes mains ? "

Kastchei sourit quand il apprit le nom de la messagère de la mort, elle s'appelait donc Kana, c'était un joli nom, simple et facile à retenir.

" C'est un plaisir de te connaitre Kana..."

Puis après un moment Kana demanda à Kastchei de lâcher ses mains. Kastchei rougit un peu et toussota, géné.

" Oh...Oui bien sûr...Désolé..."

Puis Kastchei s'avança vers la porte, sa faux dans l'autre main, il se tourna une dernière fois vers Kana.

" Eh bien, Kana...Je suis persuadé que nous routes se croiseront à nouveau...J'espère que ce sera dans de bonnes circonstances...Je dois dire que grâce à vous je me sens un peu mieux...Peut être vos charmants yeux dorés arrivent ils également à faire renaître l'espoir ?....Quoi qu'il en soit...A bientôt..."

Kastchei ouvrit la porte à la volée, la claqua et se mit à courrir à une forte vitesse, il se propulsait presque vers la place, les monstres qui rodaient dehors avaient réalisé trop tard sa présence pour l'attraper et se lancèrent immédiatement à la poursuite du nécromancien qui avait prévu quelques tours pour s'en sortir. Tout en courant Kastchei souriait, celà faisait longtemps qu'il n'avait pas souri ainsi.

Kastchei quitta Kana qui resta seule, debout et immobile en plein milieu du salon. Un long moment, elle resta là à fixer la porte où le nécromancien avait disparu.

" Ce n'est qu'un au revoir "

Yoma réapparu dans le salon, et flotta jusqu'à sa maîtresse. La voix qu'il avait était plutôt soucieuse.

" Kana, est-ce que ça va ? tu as récupéré le colis ? "

La jeune femme alla quelques instant dans la chambre d'amis chercher la photographie qui attendait avec patience d'être envoyée. Une fois revenue dans le salon, Kana murmura quelques paroles qui eurent pour effet de faire venir un rayon lumineux bleu sur son tout son corps, celui-ci provenant du saphir. Quand la lumière disparu, la demoiselle était habillée par la tenu des Messager de la Mort, cependant, la jambe qui avait été bandée par Kastchei ne portait pas son bas habituelle, elle était nue et laissait pleinement voir les linges propres.

" Kana, qu'est-ce que c'est que ce bandage ? "

La messagère s'avança vers la porte en silence, mais le sceptre tint bon et la suivit.

" Et c'est quoi ce sourire ? Kana ! explique moi ! "

Enfin, Kana s'arrêta et se tourna vers lui.

" C'est un secret. "

Ils sortirent, et dehors on pu entendre des gémissements désespérés de protestation avant un silence complet. Ce ne fut que quelques heures, en son étrange présence, mais ces quelques heures, avait donné un peu d'amusement, dans sa vie de messagère.

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